Les pirates voyagent avec peu de bagages. Les cabines bondées et les tas de hamacs laissent peu de place pour leurs effets personnels. Car si leurs bateaux sont grands à l’extérieur, ils sont souvent petits à l’intérieur. C’est pourquoi le boucanier moderne est rude et rustre.
Seuls les cinglés se lavent, car un bon pirate se doit de sentir fort. Les autres ne le font que lorsqu’ils tombent à la mer. Un pirate qui se respecte n’a pas de brosse à dents, mais il frotte ses gencives et ses dents (s’il en a encore) avec de l’eau salée. Les longs voyages en mer rendent difficiles les visites régulières chez le dentiste: les pirates n’ont donc pas les plombages dont ils auraient besoin. Ceux qui ont des problèmes de cet ordre arrachent eux-mêmes leurs dents pourries ou les crachent à la mer. Les plus vieux loups de mer sont fiers de leurs sourires édentés: cela prouve qu’ils ont bien bourlingué.
Comme il y a long à parcourir pour trouver une laverie automatique, les pirates ne se changent jamais. Le mélange du sel marin et de la crasse ajoute cette couche supplémentaire dont ils ont besoin pour se protéger des brises marines souvent frisquettes. Les loups de mer trop odorants se rafraîchissent en s’inondant d’eau de Channel (appelée aussi Eau de Manche).
Les pirates perdent souvent des petits morceaux de leur personne au cours des abordages. C’est pourquoi ils ont toujours sous la main quelques jambes de bois, crochets ou cache-oeil.